Thierno Birahim AW, PhD est titulaire d’un doctorat en économie des transports de l’École nationale des ponts et chaussées - Université Paris Est. Il possède 19 ans d’expérience professionnelle dans le domaine des transports et de la mobilité en milieu urbain et régional.

Le Sénégal est caractérisé par un développement urbain dynamique avec une forte pression démographique et une forte densité de population dans les villes (qui devrait doubler d’ici 2050). L’agglomération de Dakar se développe rapidement et concentre près d’un quart de la population nationale et la moitié de la population urbaine, dans une faible proportion du territoire national (0,3 %). Selon les projections démographiques, cette population, actuellement de 4 millions d’habitants, atteindra 7 millions en 2040, avec une demande de déplacements motorisés. Si les tendances actuelles se poursuivent, il y aura en moyenne près de 15 millions de voyages par jour d’ici 2040, contre 7 millions en 2015. Ces déplacements génèrent des externalités négatives estimées actuellement à 1,4 milliard d’euros en pertes économiques annuelles dues à la pollution automobile, aux embouteillages, au manque de sécurité routière et au bruit.
Les engagements pris par le gouvernement sénégalais à travers sa contribution au niveau national à la réduction des émissions de gaz à effet de serre encouragent un changement de paradigme guidé par les exigences de la transition écologique.
Le processus vers une transition énergétique se concrétise par le développement et la promotion des systèmes de mobilité verte, notamment par trois grands projets à Dakar : le nouveau Train Express Régional (système hybride électrique-diesel, en service depuis janvier 2022), le Bus Rapid Transit (100% électrique, en construction) la restructuration du réseau de transport public par autobus à Dakar (GNC-euro VI et bus électriques).
Les deux derniers projets permettront d’éviter plus de 110000 tonnes d’émissions de CO2 par an. De même, le Plan de mobilité urbaine durable (PMUD) de Dakar prévoit la construction de sept nouvelles lignes de transport en commun d’ici 2035. Ce plan vise, entre autres ambitions, à mettre en œuvre une véritable politique de transition énergétique dans les systèmes de transport et à contribuer à la transformation des centres urbains en villes durables par la promotion des TODs. D’autre part, le CETUD (l’autorité organisatrice de la mobilité urbaine) réalise des études de faisabilité pour explorer de nouveaux secteurs d’énergies renouvelables, comme le biogaz, afin d’améliorer le mix énergétique dans les transports urbains au Sénégal. Pour accompagner ce changement, les autorités sénégalaises doivent adopter une stratégie globale de transition énergétique incluant l’adaptation du cadre juridique et institutionnel, et le contrôle de la chaîne de valeur énergétique : production, infrastructures pour l’énergie, la distribution et la tarification des véhicules. Le financement est également un enjeu central et constitue un défi majeur à relever pour une transition énergétique réussie.
Thierno Birahim AW
Amath NDIAYE
Khadim CISSE

Energie, transition, transport, durable