A0061 - TRAMWAY EN SITES PARTAGÉS : UN MOYEN DE REDISTRIBUER PLUS FACILEMENT L’ESPACE PUBLIC SANS COMPROMETTRE L’EFFICACITÉ DU MODE COLLECTIF ?
TRAMWAY IN SHARED SITES : A WAY TO MORE EASILY REDISTRIBUTE PUBLIC SPACE WITHOUT COMPROMISING THE EFFICIENCY OF THE COLLECTIVE MODE ?
20-11-2023
Guillaume de Tilière est Chef de Département chez EGIS (Études de Planification des Transports) et Professeur Associé au LVMT, Université Gustave Eiffel. Il est ingénieur civil et ingénieur en transport , diplômé de l’Institut Fédéral Suisse de Technologie de Lausanne (EPFL, 1997).
Introduction Il peut sembler contre-intuitif d’étudier des solutions pour la mise en œuvre de transports urbains guidés qui ne nécessitent pas la réservation d’espace à leur seul bénéfice, alors que la littérature rare sur le sujet (Oillo, 2020 ; Nau, 2018) nous enseigne que plus le degré de protection contre d’autres usages est élevé, meilleure sera la performance. Cependant, la redistribution de l’espace public au profit des transports en commun et des modes actifs peut conduire à des compromis qui ne s’avèrent pas nécessairement optimaux, comme la cohabitation tram-vélo (CEREMA, 2014). Une approche du site partagé combinant la circulation du tramway et des automobiles peut permettre de consommer moins d’espace public tout en préservant la priorité des transports en commun sur les automobiles individuelles, en fluidifiant le trafic routier et en réduisant les coûts de mise en œuvre. Dans certains cas, cela permet également des variations, en cas d’espace limité et de zones disponibles. Cela répond également à un défi de mobilisation de l’espace public plus grand que la situation d’avant la pandémie, sans compromettre la performance du mode ayant le plus de capacité.
Méthodologie
Notre travail a initialement consisté en une analyse de la littérature sur la question des sites partagés, mettant en lumière les avantages et les inconvénients de ces derniers en fonction de leur situation et de leur conception. S’ils sont le plus souvent établis sous le régime de la contrainte dans le contexte français (largeur trop faible de l’emprise disponible par exemple), nous constatons que leur mise en œuvre est plus courante et acceptée sur des réseaux pourtant considérés comme exemplaires en matière de tramway en Suisse (Zurich, Bâle) comme en Allemagne (Fribourg-en-Brisgau, Stuttgart, Berlin, etc.) ou en Australie (Melbourne).
La question est celle des conditions qui rendent ce choix possible, et donc des limites à ne pas dépasser sous peine de dégrader la performance du mode guidé. Nous avons ensuite réalisé une analyse des différents scénarios, en particulier les conditions d’entrée et de sortie du site partagé, le traitement des intersections, les interactions avec les autres usagers de l’espace public, les riverains, etc. Le positionnement et le traitement des stations ont constitué un point important de nos investigations. L’analyse des limites concernait plusieurs points : le volume de trafic routier acceptable, le traitement des intersections, la longueur du site partagé, etc. Elle s’est appuyée sur des simulations mettant en œuvre différents scénarios.
2. Principaux résultats obtenus ou attendus : Les travaux réalisés visent à mieux informer les concepteurs des Transports Urbains de la possibilité de considérer le site partagé sur certains tronçons, sous réserve du respect des conditions que nous avons formulé. Parmi ces conditions, le volume de trafic routier, les vitesses pratiquées, la longueur du site partagé, l’aménagement des stations et des intersections de feux tricolores. La séparation des flux de modes actifs du site partagé constitue également un élément à prendre en considération, la création d’une voie de circulation dédiée et d’éviter une cohabitation problématique, voire des risques tels que l’engagement des roues de bicyclettes dans les rainures des rails de tramway.
3. Principales références bibliographiques CEREMA (2012), Circulation des tramways en site banal, rapport de phase 1. CEREMA (2014), Interactions vélos / tramways dans les réseaux français, rapport d’études, Direction territoriale Méditerranée, 296 p. CEREMA, STRMTG (2018), Tramway dans la circulation générale, fiche « Insertion urbaine des transports collectifs de surface », 16 p. Nau O. (2018), L’insertion des tramways en milieu urbain, entre desserte, vitesse et régularité, in Gardon S., Quarante années de tramways en France, Lyon. Oillo B. (2020), La performance opérationnelle des systèmes de transport collectif en milieu urbain : définition et approche méthodologique, Thèse, Université Paris-Est.
Guillaume de Tilière
Pierre Zembry
Tramways, insertion, performance, site partagé