Francesca Pagliara est professeure associée en ingénierie des transports à l’Université de Naples Federico II

« La plupart des recherches sont interdisciplinaires à la base, et une perspective systémique est particulièrement appropriée pour la collaboration car elle favorise une vision qui va au-delà des disciplines. » Ce sont les mots rapportés dans le récent livre de Sir Alan Wilson, intitulé « Being Interdisciplinary », et c’est aussi le postulat de cette contribution. En effet, l’analyse et la quantification des impacts socio-économiques des systèmes de trains à grande vitesse (TGV) nécessitent cette approche, impliquant différentes disciplines avec leurs méthodes et modèles.

Au cours des dernières décennies, des investissements significatifs dans les systèmes de TGV ont été réalisés dans le monde. La dépenser de l’argent public dans la construction de lignes de TGV produit plusieurs avantages tels que des économies de temps, une augmentation du confort, une demande induite, une réduction de la congestion et des avantages économiques plus larges, y compris le développement des régions moins développées.

Dans cette contribution, certains impacts des systèmes de TGV seront abordés. Plus précisément, ceux sur le marché du tourisme, sur le choix de l’emplacement des bureaux temporaires, et sur le marché immobilier. La question délicate de savoir dans quelle mesure ces systèmes peuvent être considérés comme inclusifs sera également traitée.

L’impact sur le tourisme est pertinent. En effet, l’industrie des transports est une industrie mondiale qui répond au besoin de déplacer les passagers et les marchandises de la manière la plus efficace possible. Il est souvent affirmé qu’un pays avec un bon système de transport peut être considéré comme une destination touristique. De plus en plus d’études, au niveau international, se concentrent sur les facteurs influençant le choix de la destination à des fins touristiques et le rôle des systèmes de TGV dans l’influence de ce choix.

Il est également intéressant de souligner le rôle changeant des gares, qui ne sont plus seulement des nœuds dans un réseau, mais des lieux dans une zone. Cette nouvelle tendance a permis le développement de bureaux temporaires à l’intérieur des gares, changeant complètement leur image. Les fournisseurs de ces services sont des entreprises comme Regus. Ces bureaux temporaires répondent à la demande croissante de travailleurs, parfois mobiles, recherchant des lieux de travail sans les coûts d’un bureau à temps plein et soutiennent la gare en tant que lieu.
L’accessibilité améliorée et l’image changeante des gares de TGV peuvent stimuler les prix de l’immobilier à proximité de la gare. Certaines études ont prouvé que les prix des maisons à distance de marche de la gare ont augmenté.
La mesure dans laquelle le TGV pourrait être socialement égalitaire a été négligée, malgré des preuves que les groupes socio-professionnels supérieurs sont les principaux utilisateurs des trains à grande vitesse (TGV). Les attributs sociaux des passagers du TGV, basés sur des études mondiales, montrent que les passagers du TGV sont majoritairement des hommes, à revenu élevé, hautement éduqués et appartenant à des groupes socio-professionnels supérieurs. Que peut-on faire pour rendre ces systèmes plus inclusifs ?
Francesca Pagliara