A0201 - Défis de résilience de la logistique urbaine
Urban Logistics Resilience Challenges
04-11-2021
Michel ROSTAGNAT, Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), ministère de la transition écologique
Ayant grandi indépendamment de leurs besoins logistiques, les grandes villes françaises ont étendu les entrepôts et les installations logistiques, démantelé les emprises ferroviaires et rendu le trafic urbain motorisé toujours plus difficile. Ce n’est pas une bonne base pour construire une « ville du quart d’heure » consacrée à la circulation douce.
La logistique urbaine représente aujourd’hui 39% des émissions du transport de marchandises en France. Ce phénomène ne peut être ignoré, d’autant que la croissance économique et le changement de comportement des consommateurs, dopé par la crise du Corona, a favorisé l’achat en ligne, qui a atteint une part de marché de 13% du commerce de détail en France, ce qui induit un nouveau trafic à l’intérieur et autour de la ville et oblige les autorités à repenser le partage de l’espace urbain à des fins logistiques.
La dérégulation de la livraison du dernier kilomètre peut avoir des effets pervers sur la circulation, l’environnement et le bien-être social, menaçant ainsi la résilience urbaine. En ce qui concerne la circulation, la multiplication des véhicules de transport légers provoque des embouteillages et menace la sécurité routière. En ce qui concerne l’environnement, leurs émissions de gaz à effet de serre et de polluants sont nettement plus élevées que celles des camions, en fonction de la masse de marchandises livrées. En ce qui concerne l’équilibre social, ils donnent des emplois pauvres aux jeunes du premier cycle sans leur garantir ni sécurité ni avenir. Le défi est de trouver la bonne place du e-commerce dans une ville durable et résiliente. Les autorités locales devraient réclamer un juste retour aux opérateurs de commerce électronique pour les avantages qu’ils tirent de l’utilisation des installations publiques. Les acteurs devraient industrialiser leurs processus qui sont désormais trop orientés vers la satisfaction immédiate du client et gaspillent ainsi de grandes quantités d’emballages, des capacités d’infrastructures publiques et du temps de livraison des personnes.Ce thème n’est pas encore abordé dans les politiques nationales françaises, mais deux lois récentes (loi sur la mobilité et loi sur la résilience et le climat) donnent aux autorités les premiers outils pour s’attaquer au problème de front.
Michel Rostagnat