Système de Transport Intégré de voyageurs et de marchandises (STIVM)

Une solution pour les territoires de l’Association Intercommunautaire Loire Bretagne ? Décembre 2022

Nous avons, parmi les travaux de nos associations URBA 2000 et Territoires en Transformation dans les Transitions étudié depuis 3 ans les questions de mobilité avec Redon Agglomération en relation avec les questions de décarbonation et d’économies d’énergie. Nous avons pu réaliser une étude avec l’association ECOORIGIN à la demande de cette intercommunalité qui venait de prendre une compétence transports sur l’acceptabilité et la pertinence des véhicules autonomes et de l’hydrogène, deux technologies qui, à terme pouvaient contribuer à faire face aux défis du territoire et renforcer son attractivité.

Les conclusions de ce travail ont conduit à choisir l’AILB, alliance d’intercommunalités en cours de formation à l’époque, pour la poursuite de la réflexion sur l’hydrogène et sur les nouvelles mobilités. Ces conclusions sont les bases du développement de l’écosystème H2X qui va permettre de structurer la production et la valorisation d’une énergie non carbonée à partir des ressources du territoire. On trouve aujourd’hui sur le site H2X Ecosystems : écosystèmes hydrogène territoriaux & entreprises (h2x-ecosystems.com) la manière dont la décarbonation peut se réaliser dans les services publics et les entreprises avec le vecteur énergétique Hydrogène, qui permet d’utiliser localement les énergies renouvelables. Cet écosystème, profondément nouveau par rapport à celui qui était fondé sur le charbon, le pétrole ou le gaz, repose sur la valorisation d’un potentiel (vent, soleil, marées) qui varie dans le temps et dans l’espace et qui nécessite des investissements , une surveillance et une maintenance régulière. Par rapport à l’économie extractive précédente, il donne à chaque territoire une responsabilité nouvelle sur ses propres ressources et une résilience plus forte en cas de crise.

La coopération entre les territoires sera évidemment plus efficace que l’isolement de chacun d’eux dans la recherche de l’autosuffisance. Mais, comme il faut être conscient que le nouvel équilibre auquel nous pourrons accéder dans les années qui viennent se fera avec des prix de l’énergie plus élevés que ce nous connaissions avant la crise de l’énergie déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Nous ne pourrons donc surmonter les effets de cette crise sur notre niveau de vie qu’en intégrant à nos habitudes des nouveaux gestes pour économiser l’énergie et de nouveaux systèmes de régulation pour partager ce qui peut l’être, éviter des mouvements inutiles, stocker temporairement ce qui peut l’être, remplacer certaines consommations par d’autres …

La mobilité représente aujourd’hui le tiers de nos émissions de carbone. Son coût et le temps qu’il faut consacrer à la mobilité dans les zones peu denses ont amené plusieurs acteurs du territoire à réfléchir aux innovations possibles et les nouvelles perspectives énergétiques renforcent l’urgence de concrétiser ces réflexions. Les Transports Orain, la Société Mobilhis, le campus de proximité E.S.P.R.I.T et son programme E.S.L.I. sur la logistique industrielle nous ont fait part de leurs difficultés. Ces échanges nous font penser que l’intégration sur un même territoire des activités de service public de marchandises et de personnes pourrait être une étape dans la décarbonation de la mobilité que tout le monde souhaite. Les travaux qui sont actuellement présentés pour le renouvellement de la Stratégie Nationale Bas Carbone concernent d’ailleurs les transports de voyageurs comme les transports de marchandises.

Ce que l’on appelle globalement transports de marchandises recouvre des activités très diverses, avec des connexions entre elles (intermodales et internationales) , qui aboutissent à des situations différentes selon les pays. Par exemple en France, les services postaux sont organisés d’une façon différente que les services de transport scolaire. En Suisse on voit une organisation qui intègre les deux services d’une façon généralement bien appréciée.

Le CarPostal dessert toutes les communes des territoires isolés de façon régulière plusieurs fois par jour, pour des scolaires, des étudiants, des voyageurs et leurs bagages éventuels, des lettres et des colis. Les irrégularités dans la demande semble être gérée en installant des remorques derrière les bus. Il est nécessaire selon la saison de transporter des volumes différents pour répondre aux besoins des usagers. Les places pour les vélos ne sont pas disponibles en permence et nécessitent une réservation. Pour atteindre une bonne prestation, il est nécessaire de prévoir des services au voisinage des arrêts aussi bien pour les voyageurs que pour les marchandises (points relais, consignes..) que pour le car lui même. Le partage et l’intermodalité qu’évoquent cette image nous paraissent justifier de formuler cette question : Est il possible d’ expérimenter en France un système inspiré du Car Postal suisse ?

On peut penser que la force des habitudes sera très forte, mais aussi remarquer qu’il y a encore beaucoup à faire en Suisse pour décarboner ces Cars Postaux suisses, qui pourraient être de bons utilisateurs de l’hydrogène, puisque les trajets réguliers qu’ils effectuent sont tout à fait compatibles avec leur rattachement à un dépôt unique où se trouverait une station de recharge en H2 vert. Ceci serait donc intéressant pour des zones comme Redon qui ont décidé d’avoir un rôle dans la production d’ydrogène en France.

L’organisation des autorités publiques chargées au plan régional et territorial d’orchestrer les transitions des transports de voyageurs et de marchandises, on trouve deux régions et trois départements sur le territoire de l’AILB. Ceci n’est pas la meilleure configuration pour lancer une expérimentation, mais la volonté des élus et conseillers du territoire ainsi que des transporteurs qui ont participé à une réunion organisée récemment à Rennes par l’Association Ar Nevez est claire et fondée sur des analyses qui datent maintenant de plusieurs années.

En cette période de vœux, nous espérons que d’autres acteurs les rejoindront rapidement.
Jean-Francois JANIN